Lorsque je m’étais réveillée ce matin là, un grand sourire qui illuminait mon visage clair, tout d’abord parce que j’étais dans les bras de mon petit ami, nous nous étions endormis à regarder des films bien après la tombée de la nuit. Nous avions également énormément parlé, de tout et de rien, après tout, il partait bientôt et je ne savais pas vraiment quand est-ce que je pourrais le revoir. Ensuite, car je savais que ce jour là, je n’aurais pas cours, et enfin, parce que j’allais passer ma soirée avec des amis qui m’étaient chers, ou avec mon frère peut-être, puis je me rappelais qu’il était encore une semaine loin de moi, je m’étais mordu la lèvre inférieure me disant qu’il me manquait mais qu’il devait vivre sa vie après tout, il était majeur… Enfilant une petite robe gris anthracite, m’arrivant au dessus du genou et ceint d’une fine ceinture marquant ma taille en sortant de la douche, j’écoutais les informations, ce qui s’était passé la veille, comme l’agression d’un prodige dans un quartier de New York, les événements marquant de la journée comme une soirée dans Central Park. Puis je partais, main dans la main, avec mon petit ami, jusqu’à l’aéroport, je dus le quitter là, mais je le regardais monter dans l’avion et s’envoler pour Chicago.

J’avais ensuite passé le reste de la journée à faire du shopping, et je me remémorais l’heure, mes sourcils se froncèrent, comment avais-je pu cesser de faire attention à l’heure alors qu’Ephram, un de mes amis proche et ancien voisin m’avait envoyé un sms pour me demander de le rejoindre à 18 heures tapantes au Starbucks dans Time Square. Sortant du dernier magasin, en ronchonnant car ces bottines me plaisaient énormément, je traversais la route entre des taxis à l’arrêt pour m’avancer un peu, et me persuadais de quitter la Cinquième Avenue en levant le bras pour arrêter une voiture. Je montais pour demander de m’amener alors qu’habituellement, j’utilisais rarement autre chose que mes pieds ou les transports en communs, mais je savais que je n’pouvais pas arriver avec plus de cinq minutes de retard, ce jeune homme ayant toujours ce retard, comme une habitude. Lorsqu’il ne restait plus qu’une petite rue qui, par la route à sens unique, aurait rallongé le trajet, je congédiais la personne, la remerciant avec un sourire,… (et de l’argent…)

J’attrapais mes sacs et arriva au coin de la rue, essayant de me dépêcher même si les talons de mes bottines me forçaient à avoir une certaines démarches pour ne pas m’étaler de tout mon long sur la chaussée. Lorsque j’entrais dans le café, mes yeux le cherchèrent moins d’un quart de seconde, je vis son sourire, lorsqu’il se levait d’un siège haut faisant face à la rue pour me rejoindre. Il me fit la bise et nous nous sommes avancés dans la file d’attente menant au comptoir, alors que je lui répondais :

« Et bien, Liam est parti ce midi, il retourne à Chicago, mais j’ai fait des achats, donc, ça va ! Et toi ? »

A chaque fois qu’il pensait que nous formions, avec Liam, un beau couple, je ne pouvais m’empêcher d’être étonnée, effectivement, j’aimais Liam, vraiment, je ne pourrais pas ne pas être avec lui, mais j’avais espéré pendant tant d’années que cette place soit occupée par quelqu’un d’autre, j’avais tant espéré qu’il puisse me regarder autrement. Ezékiel, d’ailleurs, le fait que lui aussi devrait bientôt s’absenter me faisait mal, il était devenu mon meilleur ami après tout, après toute ces années, des liens très étroits s’étaient tissés entre nous et je ne pouvais plus m’imaginer les sentiments que j’avais ressentis, même si le journal intime que je tenais à l’époque peut toujours l’attester. J’écris toujours mais je ne note plus des « pourquoi ne m’aime-t-il pas ? » maintenant, je parle de mes soirées, de mes inquiétudes face à l’attitude de mon petit frère, qui me manque terriblement, je déteste son absence, je déteste ne pas savoir ce qu’il fait, où il est, mais même ma mère me dit toujours que de toute manière, je dois le laisser respirer.

« Normalement, il revient dimanche prochain, dans dix jours quoi… »

J’esquissais un petit sourire, puis m’avancer pour commander. Me mordillant la lèvre inférieure, j’optais pour l’entretient de mes rondeurs en commandant un muffin au chocolat et un supplément chantilly sur mon café. Il suffirait que je coure une demi-heure ce soir, ou bien de faire un peu de vélo. Ou alors simplement ne rien faire, comme souvent, puisque je n’aimais pas vraiment faire du sport, mis à part lorsque je devais faire passer mes nerfs, car il est vrai que je déteste m’énerver, et faire subir mon énervement encore plus. Je m’asseyais une banquette de cuir, près de la fenêtre. J’aimais le Starbuck’Coffee, pas autant que le café qui m’avait vu grandir, mais j’aimais ce côté vintage, car oui, c’était une enseigne qui s’était relevée après la fin du monde, ce n’était pas rien. Le premier Starbucks du nouveau monde avait été inauguré à Seattle, tout comme le tout premier, dans les années 1970, pour dire que c’était très vieux.

« Et bien, des vêtements principalement, quelques CDs de rock britannique, et je voulais acheter de magnifiques bottines, mais j’ai vu qu’il était dix-huit heures, et tu sais que je déteste être en retard, j’ai ma petite habitude de t’attendre, ça me fait bizarre… »

Je ne pu m’empêcher d’éclater d’un rire cristallin, un couple de jeunes adolescents se retournèrent, comme dérangés, ce qui me fit sourire de nouveau. Je faisais un petit signe de la main pour qu’ils se retournent, puis reportait mon attention sur mon ami Ephram le pompier.

« Et toi alors mon grand, comment s’est passé ta journée ? »

Les mains croisées autour de mon mug blanc, avec le logo du café, je me réchauffais les mains grâce à la chaleur qui traversait la porcelaine. Puis, avec un petit bâtonnet, je raclais la chantilly avant de la porter à la bouche, comme une enfant, et tout comme le jeune homme. Je l’écoutais calmement.