Logan tourna enfin la tête vers le coureur dont elle connaissait parfaitement l’identité avant même qu’elle ait regardé son visage. Il y a des choses qui ne s’oublient pas, une lèvre gercée lorsque l’on es trop violemment frappée d’une gifle, des mots, des attitudes. Et toutes ces choses lui rappelait cet homme de cinq ans son ainé. Il l’avait abordé comme si son attitude de sportif en sueur allait faire tourner la tête de la jeune brune et lui demanda s’ils ne s’étaient pas déjà vus. Voyons qu’elle réfléchisse, effectivement, ça devait être le cas. Elle regarda ses yeux sombres dans lesquelles ses pupilles dilatées indiquaient la prise d’alcool et elle se dit qu’elle allait surement devoir le supporter quelque temps. Et cela ne l’enchantait guerre à vrai dire. Car son tempérament calme et posé disparu soudainement lorsqu’il prononça son nom, alors qu’il se remémorait son nom, le fait qu’il la prenne pour une « ancienne connaissance qui avait gravement mal tourné à la fin », ce n’était qu’un euphémisme malheureusement. Ils étaient plus que des connaissances, et ça n’avait pas mal tourné, ça avait été un calvaire, tout ça car, à l’époque, Logan ne voyait qu’un seul homme capable de me combler, et il était tout comme elle un prodige : le beau Ezékiel Wood, et pas ce garçon qu’à l’époque elle trouvait certes mignon mais pour qui l’étudiante n’entretenait aucun sentiment amoureux.

« Declan. Ça faisait longtemps… »

Bien qu’elle ait l’impression que ça ne faisait pas assez longtemps, c’était un fait, depuis le temps, de l’eau étaient coulées sous les ponts et elle avait bien changé. Jamais plus un homme ne pourrait la traiter de la sorte, d’ailleurs, elle le lui avait fait payer. Ce que personne ne savait, pas même son meilleur ami ou sa colocataire. Même son propre frère ne le savait pas. Pendant près d’un mois, et même lorsqu’il était parti de New York, Logan l’avait suivit. Elle n’avait aucun problème pour le rendre complètement fou. Entendre ses pensées l’aidait dans sa traque, elle est allée jusqu'à Stowe, dans le Vermont, où elle avait amèrement regretté que ce soit si,…. Vert. Elle se postait non loin de lui, là où il n’avait aucun moyen de la voir et elle se concentrait entièrement, uniquement, et longuement sur lui. Elle avait vraiment voulu faire de sa vie un enfer, et elle avait assez bien réussit, il fallait bien l’avouer. Le réveiller en plein milieu de la nuit, le rendre triste, joyeux, nostalgique, coléreux, a quelques secondes d’intervalles. Sa colère l’avait même permis de contrôler certains de ses rêves, ce qu’elle n’avait plus jamais réussit après cela. Elle était devenue une toute autre personne.

L’étudiante en psychologie le détailla ensuite de bas en haut. Ses chaussures, son jogging, son t-shirt (chose étonnante pour cet homme qui aimait tant son torse), et son visage. Lorsqu’elle avait parlé, elle avait eu une voix froide, qu’elle-même ne se connaissait pas. D’ailleurs, sur le moment, la jeune femme se demanda ce qui lui arrivait, pourquoi la haine qu’elle croyait s’être estompée le jour où elle l’avait empêché de commettre l’irréparable. Elle s’était arrêté, assise, le dos contre le tronc de l’arbre face à la chambre de l’homme, sur lequel elle s’était assise, elle s’était incendiée d’être tombée si bas, et lui avait murmuré que regretter et se remémorer le passé ne servirait à rien. Et là, Logan se surprenait à ne pas suivre ses propres directives. Elle avait entièrement repris contenance et elle était là, à soutenir son regard, bien qu’il soit bien plus grand qu’elle, qui trônait à un mètre soixante-cinq. Elle ne savait pas vraiment quoi dire face à lui, elle ne savait plus quoi dire. Pendant des années, elle s’était préparée à l’incendier, et là, plus aucun son ne sortait de sa bouche...