Je baillais, avant de me retourner pour me mettre dans les bras de Liam, ronchonnant, ne voulant pas le quitter. Il était rentré la veille et m’avait guérie de tous mes doutes et toutes mes peurs. Retrouver ses bras avait été comme une révélation, je ne doutais plus de mes sentiments envers lui, je ne voyais que lui. Je l’entendis me murmurer qu’il devait se lever pour aller en cours. « Nooon ! » Son rire me donna le sourire malgré le froid qu’il faisait. Une demi-heure plus tard, nous nous habillions, les cheveux mouillés attachés en un chignon négligé, j’enfilais un jean avant de passer derrière mon petit ami pour chercher un t-shirt. J’en profitais pour poser un baiser sur son dos, à ma hauteur alors qu’il tentait tant bien que mal de se sécher les cheveux, ce qui me fit rire. J’enfilais un t-shirt noir et attrapais de simples converses, avant de me jeter sur le lit pour continuer de le regarder se vêtir. Nous sommes ensuite partis, main dans la main, sous la pluie, riant comme deux enfants, avant de nous quitter devant mon appartement. Je m’étais donc retrouvée seule en compagnie de mon ordinateur, mais c’était sans compter que la météo avait décidé de jouer des siennes ! Durant la matinée, l’électricité sauta plusieurs fois, ce qui m’énerva prodigieusement. J’aurais pu aller sur internet ou regarder un film mais je ne pouvais pas, merci ô grandes technologies modernes, je décidais donc d’aller me balader en ville, j’attrapais mon sac et sortais. Les écouteurs enfoncés dans les oreilles, j’avançais à bonne allure, me faufilant entre les passants, tout le monde s’était donné le mot ou quoi ? Il y avait autant de monde dehors qu’au début du printemps, lorsque le soleil réapparait… Hors, je ne voyais aucun rayon de soleil… Les New-Yorkais étaient vraiment des êtres particuliers. La pluie recommença, je me réfugiais tout de suite dans un centre commercial, le plus proche, et bien sur, tout le monde fit de même. Ma vessie m’ordonna alors d’emprunter les toilettes, je m’approchais donc des toilettes des femmes, omg ! Autant de personnes avoir envie en même temps, comment cela est-ce possible ? Je regardais donc d’un côté, de l’autre, puis, ni vu ni connu, je poussais la porte des toilettes des hommes.

Je soupirais, posant mes mains des deux côtés d’un des lavabos de porcelaine. J’entendis quelqu’un dire qu’il y avait trop de monde, trop de personnes. Je relevais la tête, regardais autour de moi, puis, baissant la tête, regardait qu’aucune paire de pieds ne dépasse des portes fermées. Je me dis, à haute voix, que je commençais à devenir folle, si j’entendais des pensées de personnes qui n’étaient même pas là. Je secouais la tête, j’étais devenue totalement barge au fil du temps… Je me retournais avant de pousser une porte et baissa la tête.

« Ahhh ! »

Criais-je découvrant une araignée, ni une, ni deux, je tentais de l’écraser. Oui, je suis pacifiste, prodige et tout le tatouin, mais une araignée reste une araignée et je détestais ces bestioles, déjà parce que lorsqu’elles me mordaient, mes blessures de guerre grossissaient de manière horrible, toutes ces arachnides étaient devenues mes ennemis. Mais cela ne se passa pas vraiment comme prévu.

Ça y était, j’étais vraiment devenue folle, j’entendais des voix, enfin, de manière différente car bien entendu, j’étais habituée à cela, mais là, il n’y avait personne, sauf cette araignée qui me fit hurler, j’aurais préféré une souris ou un serpent, car je n’aurais pas été effrayée, mais là, cette… chose... Et celle-ci se transforma en un jeune homme, assez séduisant, il fallait l’avouer, grand car il mesurait quinze, vingt centimètres de plus que moi, qui me sentais tout à coup minuscule. Il me dévisagea sans un mot, je comprenais d’où venaient les mots que j’avais entendus n’étaient pas une pure invention mais venaient de cette personne aux yeux sombres et pourtant si clairs. Je lui souris timidement, il se traiter de tous les noms, je m’en voulais un peu soudainement, il était prodige, tout comme moi, et je savais bien à quel point garder ce secret était compliqué. Qui sait, j’aurais pu faire partie de Latnok, ou être membre de la Décade, j’ouvris la bouche mais la refermait aussitôt, écarquillant les yeux, ainsi, il envisageait de se transformer en chien, loup et de me réduire à vie au silence… Ou mort, en l’occurrence. Je fus vraiment très rassurée lorsqu’il se dit, après deux ou trois secondes que jamais il ne pourrait faire une chose de la sorte. Je l’écoutais soupirais, ou plutôt, j’entendis qu’il se préparait à le faire, il se demandait se qu’il pourrait me dire, et bien entendu, je ne savais pas trop ou me placer, j’attendais donc qu’il finisse son dialogue intérieur, son monologue car apparemment ce jeune homme n’aimait pas parler, vraiment bizarre, mis à part Ezékiel, ou peut-être Jude par moment, je n’avais pas l’habitude des gens qui parlaient peu, au contraire, rien que son ami Ethael était une vraie pipelette, mais je devais bien avouer que je ne pourrais m’en passer, il était si riche, mentalement parlant s’entend. Et ce jeune homme se trouvait pathétique, je ne trouvais pas, je venais de découvrir un pouvoir des plus étonnants. Mes yeux fixèrent ses lèves, qu’il mordillait, je me voyais en lui, je le faisais si souvent, tout le temps même, d’un signe de gène, c’était passé chez moi comme un tic, quelque chose d’inconscient que je ne remarquais même plus. Il se demandait à quoi cela lui servait d’être si intelligent, je souris de nouveau, regardant le sol. Combien de fois m’étais-je posé la question ? Je ne pouvais répondre à cette question tant elle était présente, continuellement. Ainsi, il trouvait que j’avais l’air calme, c’était l’une de mes qualités les plus prononcées, l’une des seules d’ailleurs, si vous voulez mon avis… J’hésitais tant à dévoilé mon secret également, puis, je me lançais…

« Pour te répondre, bonjour. » Je me doutais bien qu’à cet instant, il me prendrait pour une folle, mais respirant un grand coup, comme pour me donnais du courage, je continuais, alors que mes mains commençaient à trembler.

« Bien. Tout d’abord, je… Ne t’en fais pas, je garde ça pour moi, ensuite, t’excuser ne sers à rien, c’est plutôt à moi de le faire, j’ai faillit t’écraser, vraiment, je suis désolée… et se parler tout seul est très courant, tout comme la troisième personne parce que c’est une sorte de dialogue intérieur et… aww, je ne parle jamais autant… Enfin, ne t’en fais pas, je ne dirais rien. Il faut bien se soutenir… Entre personnes de… De notre espèce… »

Ça y est, je l’avais lâché, à mon tour, je me mordillais la lèvre. J’avais hésité certes mais il était rare que je parle autant à un inconnu, j’étais généralement comme une enfant qui s’interdisait l’intérêt que pourrait lui porter un étranger, comme si cela pouvait être dangereux.